Mathieu Lours, gardien du patrimoine
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Auteur du livre officiel de la restauration de Notre-Dame de Paris, Mathieu Lours a grandi à Sarcelles. Historien spécialisé dans le patrimoine religieux il enseigne à l'université de Cergy.
La démolition de la chapelle Saint- Joseph par l’université catholique de Lille ? « Une exécution patrimoniale » aux yeux de Mathieu Lours, historien spécialiste du patrimoine religieux. Pas moins ! Passionné ? Oui ! L’organiste de l’église Saint-Acceul d’Écouen depuis 35 ans, auteur d’une vingtaine d’ouvrages, ne mâche pas ses mots. Fin connaisseur des techniques de construction en pierre, il a le sens du détail. « Le petit entretien, souvent négligé, est nécessaire pour épargner des centaines de milliers d’euros de travaux ultérieurs. Il faut une vigilance de tous.»
Franco-italien par sa mère, il a grandi à Sarcelles. « La seule chose que je trouvais belle, c’était l’église. Le patrimoine est ce qu’on a de plus précieux, un bien commun. Tout le monde est sensible au besoin de beauté, de cohérence.» Peu importe à ses yeux la conviction religieuse des uns et des autres. « Il faut traiter l’église comme une maison commune ouverte à tous.» Et développer les usages compatibles avec sa destination première, le culte : concert, exposition culturelle, enseignement musical... « Un lieu utilisé est ventilé, chauffé, éclairé, surveillé. Dans un lieu fermé l’air ne circule pas, l’humidité s’installe. Sans usage le patrimoine est en danger ».
Mathieu Lours, qui habite en Val d’Oise, enseigne à l’université de Cergy. « Aucun monument historique classé valdoisien n’est en péril. Mais le patrimoine non classé en zone rurale et celui des communautés religieuses m'inspirent plus d’inquiétude », poursuit celui qui refuse de conjuguer le patrimoine au passé. « Le patrimoine est notre présent et notre avenir. Pour tous les habitants, une église est un héritage, une possibilité de s’inscrire dans une histoire locale, un vecteur de beauté et d’identité, un élément de dignité aussi dans une périphérie.»
Cet article est à retrouver dans le magazine départemental de l'automne 2025.
Photo : ©CDVO/Neway Partners