"Notre-Dame de France" d'Alexis Guillier
Culture/Loisirs
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Performance réalisée le 27 février 2020 à l'Abbaye de Maubuisson. Pour l’Abbaye de Maubuisson, Alexis Guillier propose une nouvelle lecture de "Notre-Dame de France", Vierge à l’enfant de 22 mètres située au Puy-en-Velay, née en 1860 du fer de 213 canons pris à Sébastopol. À l’époque, elle est la « super-synthèse » des intérêts de l’Église, de l’armée, de l’Empire français, de l’industrie et du tourisme. Apparition écarlate, métallique et pénétrable, la statue relève du motif de la géante, entre miséricorde et domination. Monter dans sa tête, c’est contempler le panorama qu’elle occupe en permanence. Rentrer dans son histoire, c’est aussi percevoir, sous le carcan sanglant et réactionnaire, les grondements d’une émancipation. À travers la performance, la statue narre sa genèse, marquée par le bouillonnement du métal et les fantasmes militaires, religieux, tissant une histoire des formes, des symboles, et de leurs enjeux politiques. Son récit s’attache aux représentations mythologiques et populaires, aux tentatives d’émancipation et de sédition, dans une perspective féministe, et dessine en creux l’anthropologie d’un regard masculin et patriarcal. Le travail artistique d’Alexis Guillier prend la forme de performances — directement ou indirectement par des films, textes ou installations, des montages narratifs... L’entraînant de la falsification, à la déformation et la disparition des œuvres, d’un accident de tournage aux vaisseaux fantômes, ses formes mêlent des documents très divers, qui coexistent dans l’histoire culturelle mais ne s’y associent que rarement. Ses sujets d’investigation privilégiés le poussent à observer la circulation des images et des productions culturelles, leurs échos et leurs récurrences, la formation des imaginaires, les interactions entre les actions personnelles et les Histoires souvent nationales, sous un angle tant esthétique qu’anthropologique. La transmission de ses récits s’interroge elle-même, restant toujours sur une ligne incertaine, entre subjectivité détachée et lyrisme documentaire.
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