Paris-Londres

Réunis par une complicité communicative, la violoncelliste Astrig Siranossian et le pianiste Nathanaël Gouin sont des adeptes du temps long. Ils se produisent ensemble depuis 10 ans maintenant et collaborent avec la Fondation Royaumont et la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret plus de 5 ans. Leur programme, ce dimanche, illustre parfaitement leur démarche artistique : les deux artistes conjuguent adroitement leur relecture des grandes pages du répertoire avec une curiosité insatiable pour des œuvres plus rares, que le temps ou la versatilité des goûts tiennent souvent injustement dans l’ombre. Leur choix va en effet d’un classique du Londonien Benjamin Britten à une relative rareté de la Parisienne Marcelle Soulage. Le premier est le fruit de la rencontre de deux astres : le plus joué des compositeurs anglais du vingtième siècle écrivait pour la première fois, au début des années 1960, pour l’homme qui incarnait alors le violoncelle, Mstislav Rostropovitch. La seconde révèle les qualités inventives et sensibles déjà très affirmées d’une jeune compositrice. Marcelle Soulage, dont le nom est trop peu connu des mélomanes contemporains, n’a que 25 ans, lorsqu’elle signe, au sortir de la Première guerre mondiale, cette Sonate en fa# mineur, qui lui a valu le prix de la Société française des amis de la musique. Conçue par un officier de marine de vingt-deux ans, La Sonate pour violoncelle et piano de Jean Cras est également une œuvre de jeunesse, comme les Trois Pièces pour violoncelle de Nadia Boulanger, encore sous l’influence lyrique et rêveuse de Gabriel Fauré, qui a été son professeur de composition au Conservatoire. Astrig Siranossian et Nathanaël Gouin relient ainsi allegros vaillants et développements vibrants, audaces du bel âge et maturités artistiques, Paris et Londres, le tout en moins d’une heure. Même un voyage en Eurostar n’apporte pas autant de joies !

Astrig Siranossian, Nathanaël Gouin

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