De Mahler à Korngold :« Aimez-vous la beauté ? »

Mathilde Ortscheidt, Juliette Journaux, Ted Black, Dylan Perez

Royaumont s’est engagé dans une longue bataille en faveur du Lied et de la mélodie française à la fin du XXe siècle, à une époque où ces répertoires étaient négligés. La Fondation a alors proposé à de grands professionnels, comme le pianiste et chef de chant Ruben Lifschitz, de former de nouvelles générations d’interprètes. Des artistes de la stature de Stéphane Degout ou de Karine Deshayes ont eu la chance de commencer leur carrière à ses côtés. Ils sont ensuite devenus à leur tour les maîtres et maîtresses de plus jeunes qu’eux, notamment dans le cadre de l’Académie Orsay-Royaumont. Aujourd’hui, la bataille semble gagnée : le Lied et la mélodie française sont de retour sur les scènes les plus prestigieuses et dans les plus grandes maisons d’opéra. La Fondation ne cesse pas pour autant de prêter une attention extrême à cet art d’une grande délicatesse, qui demande autant de précision que de lâcher-prise. Deux duos l’incarnent ce dimanche. Leur programme est constitué de Lieder classiques (notamment les incontournables Rückert Lieder de Gustav Mahler) mais aussi de chansons plus rarement interprétées. L’Opus 2 d’Arnold Schönberg illustre, en particulier, l’importance de la poésie dans le processus créatif à l’œuvre. Le compositeur l’a écrit à Vienne en 1899, alors qu’il avait 25 ans, après avoir découvert les textes de Richard Dehmel. « Vos poèmes ont eu une influence décisive sur mon développement musical. A cause d’eux, j’ai été forcé pour la première fois de chercher un nouveau ton » témoignera-t-il dans une lettre adressée au poète une dizaine d’années plus tard. C’est justement parce que, malgré leur apparente simplicité formelle, le Lied et la mélodie sont de prodigieux laboratoires d’expérimentation, des odyssées miniatures qui racontent mieux que tout autre l’histoire de la musique, que la Fondation s’implique autant dans leur transmission.

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