Bestiaire médiéval

Au Moyen Âge, l’homme n’était pas aussi éloigné du reste du vivant qu’il peut l’être aujourd’hui. Il se savait alors lié aux végétaux et aux animaux. Ces derniers, en particulier, partageaient son quotidien et hantaient ses rêves. Ils jouaient également un rôle central dans ses chants, même les plus religieux. Ainsi les Cantigas de Santa María, imposant recueil de 427 chansons ibériques à propos des miracles de la Vierge, regorgent-ils de colombes, d’abeilles ou de furets. Souvent savoureuses, les scènes décrites relèvent parfois d’un surréalisme qui aurait réjoui Salvador Dalí : un serpent sort d’un ventre, des poissons colmatent les trous de navires menacés de naufrage… A force d’explorer le répertoire médiéval pour mettre au point leurs enrichissants programmes (« Souvenir oublieux » en 2024, « La harpe, le philtre et l’épée » en 2023, « Bella donna » en 2022), les quatre membres d’ApotropaïK ont été frappés par l’omniprésence des animaux. Ils se sont amusés à les retrouver également dans le répertoire italien, notamment dans les chansons de chasse qui mettent en musique les onomatopées qui servaient alors à les imiter. La dimension vocale du quatuor s’en trouve renforcée, lui, qui, depuis sa création en 2015, brille d’abord par ses arrangements innovants, mêlant subtilement les timbres des instruments dont il joue : flûtes, vièle à archet, harpe gothique, luth… Pour ajouter une dimension de plus à ce bestiaire, l’ensemble en résidence s’est entouré d’une scénographe et d’un dessinateur. Le spectacle devient ainsi total et, dans le regard émerveillé des petits et des grands, un peu de la complicité passée avec les autres animaux renaît.

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