Intro

Quel formidable creuset que le hip hop ! Ses formes chorégraphiques ont essaimé dans le monde entier. Partout, de nouvelles générations de danseuses ou de danseurs se sont inscrites dans les cours ou ont réservé des salles de répétition. Aujourd’hui, les chorégraphes issus de ce circuit apportent un sang neuf à la danse contemporaine. Après Nach et Leïla Ka, la Fondation Royaumont invite Mellina Boubetra à se produire à l’abbaye. La jeune femme y présente sa première œuvre, justement intitulée Intro, déjà applaudie à Avignon, Strasbourg ou Toulouse. Cette première série de représentations lui a valu d’être qualifiée de « surdouée » par le journal L’Affiche ou de « chorégraphe émergente à suivre » sur le blog L’œil d’Olivier et de recevoir une pluie de prix (Hip Hop Games 2018, Prix CCN de Créteil 2019…). Intro est née de longues années de pratique de la danse mais également de la consultation de la méthode du metteur en scène russe Constantin Stanislavski. Au fur et à mesure qu’elle lisait ce livre de chevet de comédiens de renom, notamment passés par l’Actors Studio, Mellina Boubetra s’interrogeait sur les liens entre les mouvements du corps et ceux de l’âme. Comment traduire chorégraphiquement des émotions sans s’embourber dans une démonstration trop appuyée ? La chorégraphe trouve la réponse dans l’intériorité motrice des interprètes. Ancrées dans un moment singulier, sans a priori ni antécédents, observatrices et actrices de leurs propres mouvements, les trois danseuses réalisent une introspection dansée. La pièce prend alors la forme d’une discussion qui se passerait de mots, reproduisant les dynamiques de la conversation à plusieurs comme celles du monologue. Sans un bruit, sans un geste, le public entre dans l’échange, comme s’il était peu à peu rattaché au plateau par l’énergie qu’il reçoit. Dans Intro, l’introspection est contagieuse, elle finit toujours par ouvrir sur une résonance commune.

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