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A Cergy-Pontoise, les réalisations et les projets s’accumulent au bénéfice des étudiants du campus. Les prochaines étapes s’appellent la Turbine et CY Cergy Paris Université. Pour votre magazine Val d'Oise , François Germinet, Président de l’Université de Cergy-Pontoise, et Véronique Pélissier, Vice-présidente du Conseil départemental déléguée à la Vie universitaire, ont fait le point sur ces grandes opérations.

« Notre projet nous positionne clairement sur la carte de l'excellence académique en France tout en continuant de porter l'ambition d'une université de la diversité encore plus attentive aux aspirations de notre jeunesse. Une jeunesse qui veut penser le monde de demain, le façonner, donner du sens, répondre à la double mutation écologique et digitale du 21e siècle. Une jeunesse de plus en plus « entreprenante ! » François Germinet

« La fusion de l’Université et des grandes écoles du territoire au sein de CY Cergy Paris Université crée une structure d’excellence qui peut rivaliser avec les meilleures universités mondiales. » Véronique Pelissier

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Comue, I-site, CY… que traduisent ces changements d’acronymes ?

Véronique Pélissier : Un changement d’échelle pour accompagner les ambitions internationales de ce territoire et de son campus. CY en est la nouvelle marque. Ce sont les deux bouts du nom de Cergy mais cela se prononce à l’anglaise « see why », international oblige. Cette nouvelle université regroupera au 1er janvier prochain la ComUE Paris Seine, l’Université, et l’EISTI. L’ESSEC sera associé à sa gouvernance. Ce rapprochement a été permis grâce à l’engagement des responsables de ces structures : Nesim Fintz, Anne-Sophie Barthez, Jean-Michel Blanquer, alors à l’ESSEC et François Germinet. Le résultat est une structure d’une telle capacité d’excellence qu’elle peut légitimement viser le top 200 des universités mondiales et le top 100 dans certaines disciplines. L’université était déjà engagée dans des partenariats internationaux. En particulier, je veux saluer son alliance avec d’autres universités européennes au sein de l’alliance EUtopia : Vrije Universiteit Brussel, University of Gothenburg, University of Ljubljana, Universitat Pompeu Fabra, University of Warwick.

François Germinet : En février 2017, l’Université de Cergy-Pontoise (UCP), l’ESSEC et l’EISTI ont été lauréates du programme « Initiative d’Excellence ». Le projet positionne clairement Cergy-Pontoise et le Val d’Oise sur la carte de l’excellence académique en France. Avec ses 10 millions d’euros annuels, l’Initiative d’excellence permet de produire un effet levier pour accroître nos ressources globales et notre attractivité tant francilienne qu’internationale. Ainsi, au 1er janvier 2020, l’UCP, l’EISTI, la ComUE Paris Seine n’existeront plus en tant que telles, mais sous la forme d’une nouvelle université chef de file de la politique académique des établissements du territoire : CY Cergy Paris Université. L’ILEPS et l’EPSS intègrent en tant que telles l’université. CY devient ainsi notre emblème : « see why », un beau message pour une université !

 

Quel rôle les collectivités territoriales y jouent-elles ?

F. G. : L’enseignement supérieur ne serait pas aussi développé sur notre territoire sans l’appui indéfectible des collectivités locales. Il y a une conscience partagée que le département à la population la plus jeune de France doit permettre à sa jeunesse de se réaliser pleinement, au travers de l’éducation et de l’enseignement supérieur, avec toujours le souci de l’insertion professionnelle. C’est un enjeu de responsabilité sociale incarné dans une Université de la diversité, et c’est aussi un enjeu de développement économique. Tout naturellement, les collectivités sont présentes dans la plupart de nos conseils d’administration, d'université et d’école et ont toujours accompagné de près la constitution du regroupement jusqu’à cette transformation finale, CY Cergy Paris Université. Elles ont aussi régulièrement financé le développement de l’enseignement supérieur, aux côtés de la région et de l’Etat. Aujourd’hui, par un projet de campus renouvelé, nous partageons l’ambition de rendre lisible la carte académique sur le territoire de Cergy-Pontoise, afin d’en accroitre l’efficacité et l’attractivité. Ainsi, nous avons créé une association pour travailler ensemble, à la reconfiguration d’un campus académique et territorial, pour les acteurs locaux et à rayonnement international.

V.P. : Le Département a toujours favorisé le développement du pôle d’enseignement supérieur valdoisien. Par ses investissements : plus de 150 millions d’euros en une trentaine d’années ; Et en mettant ses réserves foncières à la disposition des établissements supérieurs. Par exemple, le Département, qui avait déjà mis des locaux à disposition de l’EISTI a accompagné son installation sur son site de à proximité de Port-Cergy et cofinancer les travaux. Ces opérations s’avèrent très utiles aujourd’hui dans la perspective du campus international au cœur de l’agglomération de Cergy-Pontoise. Ainsi nous contribuons à l’attractivité du territoire valdoisien. Mais par ailleurs je rappelle que la compétence obligatoire du Département s’exerce au niveau des collèges. Or, nous avons le souci d’établir des passerelles pour les collégiens vers l’enseignement supérieur. Je citerai par exemple « A la découverte de Sciences Po » ou les ateliers réalisés au fablab Labboite. Autant d’expériences qui désacralisent l’enseignement supérieur et peuvent alimenter les réflexions des jeunes valdoisiens sur leur orientation scolaire à venir.

 

 

Quels sont les principaux projets en cours ?

F.G. : Sur le plan institutionnel, la création de CY Cergy Paris Université, s’accompagne de l’émergence en son sein d’une nouvelle grande école sur le territoire. Une grande école d’ingénierie et d’économie CY Tech, dont l’EISTI est le germe avec ses spécialités d’ingénieurs en informatique et en mathématiques. CY Tech comprend également toutes les forces de sciences et techniques et d’économie gestion de l’UCP. Dès 2020, nous prévoyons de nouvelles spécialités afin d’accueillir des flux entrants ingénieur autour du millier d’ici 2024. CY Tech travaillera avec les autres écoles d'ingénieurs du territoire, mais également avec d’autres écoles de notre collectif académique comme l’ESSEC (nous partageons déjà la recherche en économie), Sciences Po Saint-Germain-En-Laye, ou encore l’école nationale d’architecture de Versailles. Le campus aussi se structure, les acteurs s’organisent notamment pour répondre à la croissance démographique et accueillir 4000 étudiants de plus d’ici 2026. Les projets se concrétisent : la construction d’un bâtiment pour l’IUT avec la reprise de la pépinière d’entreprises, dont les activités migrent dans la Turbine ; l’ESSEC qui vient de lancer son grand plan de rénovation, avec une forte plus-value environnementale ; l’école nationale d’art de Paris Cergy qui prépare sa reconstruction ; l’ITESCIA qui construit son campus à Pontoise ; les travaux d’une maison internationale de la recherche dédiée aux sciences humaines et sociales qui débutent en 2020. A côté de cela, l’offre de logement étudiant se renforce avec de nouvelles résidences.

V.P. : Tous les projets en cours que cite François Germinet sont accompagnés financièrement par le Département car ils représentent chacun un budget de plusieurs millions d’euros, voire plusieurs dizaines de millions d’euros. Pour me limiter aux décisions qui ont moins d’un an : 2 millions d’euros pour le nouveau bâtiment de l'ITESCIA sur le site de Saint-Martin à Pontoise, 5 millions au grand projet ESSEC 2020, un soutien équivalent à Université pour la construction d'un bâtiment à Neuville-sur-Oise. L’Essec va construire un équipement sportif, le "Sport & Recreation Center" au bord du parc François Mitterrand, et qui sera ouvert aux autres établissements, un "Creative Learning Center", dédié aux pédagogies innovantes. Ces bâtiments vont contribuer à dessiner le nouveau Campus. Mais celui-ci ne se limite pas au centre de l’agglomération. Le pôle des sciences technologiques et expérimentales du Campus sera installé par l’université à Neuville-sur-Oise dans le bâtiment actuel "Neuvitec 95", que le Département a cédé à l’euro symbolique, avec une extension pour atteindre une surface de 7 500 m². Ce nouveau bâtiment pourra accueillir les équipements et plateformes de l'Institut logistique de la Vallée de Seine. Il sera ouvert vers les entreprises avec un accès aux plateformes technologiques. Au total, quelque 1700 étudiants sont attendus dans ce pôle dont le Département est fier de faciliter la constitution.

 

La prochaine étape est l’ouverture prochaine de la Turbine. Quel est l’intérêt pour le monde académique de coopérer avec le monde économique ?

F.G. : Tout d’abord l’insertion professionnelle est plus qu’une priorité pour les établissements du territoire, elle est dans notre ADN. L’UCP est régulièrement classés dans le top 5 des meilleures universités sur cet aspect, l’EISTI était première en 2017, et l’ESSEC est classée 4e mondial en management ! Si nous devons plus qu’un diplôme à nos étudiants mais un métier et un emploi (la devise de l’UCP), ils nous demandent plus encore aujourd’hui. Ils sont la jeunesse, et ils veulent non seulement s’épanouir dans le monde de demain mais ils veulent aussi le penser, le façonner, donner du sens, répondre à la double mutation écologique et digitale du 21e siècle. Ils demandent donc à être plus « entreprenants » ! Au-delà de l’ESSEC qui a été pionnière en la matière, l’entrepreneuriat devient l’un des marqueurs de Cergy, avec déjà 200 étudiants entrepreneurs. Nous avons lancé une association d’accompagnement à la création d’entreprises avec les acteurs sociaux et économiques « WENOVIA » du 95. Et cette dynamique bénéficie désormais d’un lieu dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat : la Turbine ! Bref là encore Cergy-Pontoise et le Val d’Oise inventent demain !

V.P. : La Turbine, à l’origine, s’appelait Eco cité de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Un nom un peu compliqué pour communiquer simplement. Mais cette appellation avait l’avantage de résumer ses objectifs et sa fonction dans le campus international que nous réalisons collectivement. Il y a quelques semaines nous avons inauguré les nouveaux espaces de l’abbaye de Maubuisson. Là, pour accueillir des start-up spécialisées dans les industries créatives, en phase avec le centre d’art contemporain déjà installé par le Département dans ce monument historique à la riche histoire. La Turbine aussi est destinée aux entreprises émergentes, créées notamment par les étudiants de l’université et des écoles du territoire. L’EISTI se trouve dans le même bâtiment. Les travaux d’aménagement représentent un budget d’environ 6 millions d’euros, qui bénéficient de l’aide des fonds européens. Cette opération répond pour nous à la même logique d’accompagner les trajectoires des jeunes Valdoisiens. La porosité des mondes économique et académique est aujourd’hui une opportunité et une nécessité.

 

Un peu plus sur François Germinet

François Germinet est professeur des Universités et ingénieur des Ponts et Chaussées. Il rejoint l’Université de Cergy-Pontoise en 2003. Il est élu président de l’Université en 2012 et réélu en 2016. Il est également administrateur provisoire de la ComUE Université Paris Seine depuis 2017. A la Conférence des Présidents d’Université, il co-préside la commission Formation et insertion professionnelle et préside le comité Communication et attractivité des universités.